1945: un début d'année mouvementée !
Extrait des mémoires du Sergent Raymond Hinault (1921-2012), témoignant du bombardement du clocher de Nostang, le 17 janvier 1945.
«…Un après-midi, notre commandant de compagnie désigna les trois bureaucrates Hinault, Bruand et Saintilan pour aller porter, à pied bien sûr, le ravitaillement à un groupe de soldats installés aux avant-postes. Il nous recommanda la plus grande prudence et nous dit :
« - Il faut que les ronds-de-cuir goutent un peu à la vrai guerre ! »
Pour y goûter, ce soir-là nous y goûtâmes vraiment !
A la nuit tombée, nous voilà partis tous les trois, chargés de gamelles, de bidons etc… Nous avions à peu près un kilomètre à parcourir. Nous longions un talus, heureusement pour nous haut et épais (sans quoi je ne serais pas aujourd’hui à vous écrire mes mémoires). Un obus percutant que nous avions juste eu le temps d’entendre arriver, se planta de l’autre côté du talus, nous enfouissant sous un volume impressionnant de terre, des cailloux et des racines. Dans un ensemble parfait, nos têtes émergèrent : nous étions tous les trois indemnes, aucune égratignure ! A croire que notre heure n’était pas arrivée…
« - C’est un miracle ! » cria Jean Saintilan.
La soupe et le rata furent volatilisés ; seuls les bidons de vin échappèrent au cataclysme et …c’était là l’essentiel.
Casques cabossés, crottés, terreux recouverts de poussière, nous achevâmes notre trajet et notre mission. Les copains éclatèrent de rire en nous voyant arriver dans un pareil état. Pour seul repas, ils eurent du vin rouge, ce qui n’altéra pas leur bonne humeur.
L’affaire fit grand bruit et notre commandant de compagnie tremblait en imaginant qu’il aurait pu se retrouver sans ses trois gratte-papier… il s’en était fallu de quelques mètres.
Notre bureau se trouvait au bourg de Nostang, à une dizaine de mètres du clocher de l’église, laquelle était entourée du cimetière. La propriétaire des lieux, une vieille dame toute menue, très méticuleuse, portait la coiffe du pays et se refusait catégoriquement à quitter sa maison malgré les injonctions de l’autorité militaire.
« - Si je dois mourir, ce sera dans ma maison ! » nous disait-elle. Nous l’appelions « Mon capitaine », car pour elle, tous les militaires qui arboraient des galons étaient des capitaines.
Pour nous être agréable, elle lavait nos vêtements et reprisait nos chaussettes. En contrepartie, nous la nourrissions et nous la gâtions. Elle était heureuse et sécurisée près de nous et elle nous aimait beaucoup.
Un matin, nos services d’espionnage et de renseignement nous firent savoir que, le jour même, à midi, le clocher de Nostang devait être détruit par les allemands qui s’étaient aperçu que ledit clocher servait de poste d’observation vers leurs lignes. En accord avec « Mon capitaine », nous décidâmes de nous mettre à l’abri dans un caveau désaffecté et recouvert d’une dalle en béton.
« Mon capitaine » pleurait doucement et priait. Elle n’avait pas peur pour elle mais pour sa maison et on aurait dit aussi qu’elle souhaitait fixer pour toujours, sur sa rétine, l’image du clocher encore debout.Par l’orifice béant, nous descendîmes tous les quatre dans notre sinistre refuge digne d’un roman de série noire et situé à 50 mètres du clocher. Les yeux rivés sur ce dernier, nous attendions l’heure indiquée. Nos cœurs battaient très fort dans le silence sépulcral de notre caveau et le temps semblait figé.
A l’heure prévue, un premier obus passa. Loupé !
Un deuxième ne tarda pas mais cette fois s’encastra dans le clocher qui, sans trop faire de bruit, comme résigné puis vaincu, s’écroula sur lui-même. Nous attendîmes un instant avant de sortir de notre abri. La maison était intacte ; pas une égratignure, pas une vitre cassée car nous avions pris soin de fermer les volets. De joie, nous embrassâmes notre brave propriétaire qui s’éclipsa discrètement. Elle sortit d’une cachette seulement connue d’elle, une bouteille de vieux vin qui, de suite, devint la seule victime du bombardement !
Une église sans son clocher, ça fait drôle et c’est triste. On vint récupérer les deux cloches (ou ce qui en restait) ainsi que le coq… et la vie repris son cours. »…
Patrimoine
Nostang dispose d'un patrimoine riche et préservé.Retrouvez ci-dessous les principaux sites historiques ou religieux de la commune. (source infobretagne.com)
L'église Saint-Pierre et Saint-Paul (1681-1686). Elle est reconstruite en vertu d'un marché passé le 16 avril 1681. Il s'agit d'un édifice en forme de croix latine, dans le goût le plus simple du XVIIème siècle, qui a été complété en 1871-1873 par la construction d'un clocher en pierre à l'Ouest. La tour-porche à quatre étages, édifiée par Augustin Le Quintrec et qui date de 1871, s'écroule en 1898. Reconstruite en 1898, la flèche est abattue le 17 janvier 1945 par un obus allemand et reconstruite en 1951 par les architectes Conan et Delayre de Lorient.
La chapelle Notre-Dame-de-Joie de Légevin (XVIème siècle), restaurée au XVIIIème siècle. Il s'agit, semble-t-il, d'une ancienne dépendance du château de Saint-Georges.
La chapelle Saint-Bieuzy (XVème siècle) ou Saint-Georges. Il s'agit d'une dépendance du château Saint-Georges.Cette chapelle conserve une belle fenêtre de choeur, du gothique flamboyant (XVème siècle).
La chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle ou de Locmaria (XIV-XVème siècle).Les peintures murales datent du XVIème siècle.
Ancienne aumônerie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dépendant de Merlevenez au 12e siècle, la chapelle devient possession de l'abbaye Notre-Dame de la Joie au 13e siècle. L'édifice est reconstruit au 15e siècle. De plan en Tau, l'édifice se compose de deux nefs désaxées, séparées par un mur diaphragme surmonté d'un clocheton. La nef haute est entièrement peinte au 15e siècle. Des personnages sont figurés sur fond d'arabesques. Une danse macabre témoigne sans doute de la représentation probable du dit des Trois morts et des Trois vifs. Une Annonciation se trouve dans l'ancienne chapelle nord.
La chapelle Saint-Cado (XVIIème siècle), située au village de Kergoh.
La chapelle Saint-Maurice et Saint-Symphorien (XVIIème siècle), située dans un lieu isolé au Nord de la paroisse de Nostang.
Le château du Rongouët (vers 1780). Siège d'une seigneurie appartenant successivement aux familles Thoumelin, Talhouët et Lopriac. Il possédait autrefois une chapelle privée. L'ancien manoir est encore surnommé Rungoaet ou Rungoet et appartenait au XVème siècle à Jehan Benoist. On trouve aussi les familles Botderu (en 1495, en 1540 et en 1551) et Grimault (en 1575). Il devient la propriété de la famille de Penfentenio de Cheffontaines à partir de 1810. Réquisitionné par la Kriegsmarine en 1942, le manoir est bombardé par les alliées en 1944. Les communs datant de 1900 sont transformés en habitation en 1950.
Le château ou manoir Saint-Georges (XIIIème siècle), restauré au XVIIIème siècle. Propriété de la famille Carné (à partir du XIIIème siècle), de la famille Kerpuncze ou Kerpunce (en 1427 et 1481), puis de Marc de Cosnoal (au XVIIème siècle). Ce manoir possédait autrefois une chapelle privée